« Comment je suis sorti de la pornographie »

Je me considérais comme petit consommateur de sites pornographiques : j’y allais, à l’occasion de frustrations ou de stress, depuis environ quinze ans – depuis qu’Internet existe. Il y a eu des périodes de plus grandes tensions professionnelle et conjugale où il m’arrivait de me lever la nuit et de passer beaucoup de temps sur ces sites. J’ai toujours voulu arrêter ce que je considérais plus ou moins consciemment comme une transgression, avec une forte culpabilité.

J’ai parlé de mon problème d’addiction à la pornographie à un homme de confiance car j’avais le désir d’arrêter mais je n’avais pas l’outil pour mettre en place le sevrage. À une époque, j’avais demandé à mon épouse de garder le code du contrôle parental [pour accéder à Internet sur l’ordinateur, Ndlr], mais c’est devenu ingérable. Ce prêtre m’a proposé le parcours « Libre pour aimer », ce fut pour moi comme une planche de salut ! Je l’ai suivi intégralement pour le Carême.

Pour moi, les points forts du parcours portent sur « la prise de conscience », «  la décision  » (1er et 2e jours), le lien entre «  mensonge et pornographie » (9e jour), et « retrouver l’estime de soi » (18e jour). Il m’a permis de comprendre le fonctionnement de l’addiction et de prendre la juste mesure du problème : j’ai pris conscience que j’étais dépendant.

Grâce au parcours, j’ai pu envisager une issue, il m’a aidé à sortir de mon addiction.

J’ai le sentiment que je pourrais rechuter dans certaines situations que je ne serais pas en mesure d’anticiper mais, d’un autre côté, je me sens beaucoup plus armé pour éviter la chute.

Deux mois après ce parcours, je me juge sevré, fragile, pas encore vraiment libre, mais en bonne voie. J’ai mis en place des changements concrets à ma portée : je fais du sport régulièrement, je suis vigilant à être sobre dans mon comportement en général (nourriture, relations avec les autres), j’essaye de prier chaque jour, de ne pas me coucher trop tard. Je lâche prise sur de petits points concrets qui se présentent, par exemple, je ne réponds pas immédiatement à des mails ou au téléphone si je suis occupé à autre chose.

Il me semble également que la pratique régulière du sacrement de réconciliation m’a aidé à me relever plus rapidement de mes chutes.

Il y a encore du chemin à parcourir, mais j’ai moins de peurs, plus de joie, je n’ai plus tendance à fuir systématiquement avec la radio ou la télévision, je suis plus direct avec mon épouse et mes enfants, je prends de plus en plus ma place, j’ai moins de scrupules, je suis moins dans l’imaginaire. En groupe, je me sens moins isolé. Je suis plus ouvert à l’autre, plus disponible ; moins perfectionniste, j’accueille plus facilement l’imprévu.

Mes relations à moi-même et avec les autres sont donc plus sereines, justes et vraies. Mon intelligence est moins « polluée », je suis plus calme intérieurement. Je recherche moins à être aimé à tout prix, tout en recherchant et manifestant plus de tendresse à mon entourage, je mets de l’ordre dans ma vie.

Christian, 40 ans