1er jour : Découvrir un sens à sa vie

Extrait du livre de Viktor Frankl

Le texte qui suit est une adaptation du texte de Viktor Frankl, créateur de la logothérapie, tiré sur livre « découvrir un sens à sa vie »

La volonté de sens

La recherche humaine du sens est la motivation fondamentale de la vie.

Il y a de cela quelques années, un sondage d’opinion a été réalisé en France. Les résultats montraient que 89 % des personnes interrogées admettent que l’être humain a besoin de « quelque chose » qui lui donne une raison de vivre. Plus encore, 61 % des personnes interrogées ont répondu qu’il y avait quelque chose ou quelqu’un, dans leur propre vie, pour lesquels elles étaient prêtes à donner leur vie.

La frustration existentielle

La volonté humaine de sens peut aussi être frustrée, et dans ce cas, on parle de « frustration existentielle ».

Les névroses existentielles ne résultent pas d’un conflit entre les mobiles conscients et les pulsions, elles sont davantage les conséquences de problèmes existentiels. Au nombre de ces problèmes, la frustration de la volonté de sens joue un rôle capital. Dans ce cas il faut une thérapie, pour ainsi dire, qui est à même de traiter de la dimension spécifiquement humaine.

Je donnerai ici un seul exemple : un jour, un diplomate américain de haut rang vint me trouver. D’entrée de jeu, je lui demandai pourquoi il pensait avoir besoin d’une analyse, et pourquoi il avait donné la priorité à l’analyse. Il m’apparut très vite que ce patient était insatisfait de sa carrière et qu’il lui était très difficile d’être le représentant d’une politique étrangère qu’il désapprouvait. Son analyste, malgré tout, lui avait répété à souhait qu’il devait essayer de se réconcilier avec son père, parce que le gouvernement des Etats-Unis ainsi que ses supérieurs hiérarchiques n’étaient « rien d’autre » que des images du père et, qu’en conséquence, son insatisfaction professionnelle était due à la haine qu’il nourrissait inconsciemment contre son père. Après quelques entretiens, il fut clair que sa volonté de sens était frustrée par ce qu’il avait cru être sa vocation, et il avait vraiment hâte de s’orienter vers une autre sorte de métier. Et comme il n’y avait aucune raison pour ne pas abandonner sa profession de diplomate et de s’engager dans une autre, il le fit, avec des résultats très gratifiants. Et, comme il me l’a récemment confié, il était toujours très content de sa nouvelle activité depuis cinq ans qu’il l’avait entreprise.

L’inquiétude d’un être humain, y compris son désespoir, relatif au manque d’intérêt de la vie est consécutive à une détresse existentielle mais en aucun cas à une maladie mentale. Il se peut bien que le fait d’interpréter la première dans les termes de la seconde pousse un médecin à enterrer le désespoir existentiel de son patient sous un tas de tranquillisants. C’est son devoir, au contraire, de guider le patient à travers sa crise de croissance existentielle en l’aidant à se développer. Sa mission est d’aider le patient à trouver un sens à sa vie.

La logothérapie s’écarte de la psychanalyse dans la mesure où elle considère l’homme comme un être dont la préoccupation principale consiste à réaliser un sens, plutôt qu’à répondre simplement à ses pulsions et à satisfaire ses instincts, ou dans le fait de réconcilier simplement les exigences conflictuelles du ça, du moi et du surmoi, ou dans le simple fait de s’adapter à la société ainsi qu’à son environnement.

Il est certain que la quête de sens peut susciter une tension davantage qu’elle maintient un équilibre intérieur. Cependant, une telle tension constitue une condition indispensable à la santé mentale. Je serai tenté de dire qu’il n’y a rien au monde de plus efficace pour commander la survie, y compris dans les pires conditions, que de savoir que la vie à un sens. Il y a beaucoup de sagesse dans ces mots de Nietzsche : « Celui qui sait pourquoi il vit peut endurer n’importe quel comment. »

Dans les camps de concentration nazis, on peut témoigner de ce que ceux qui savaient qu’une tâche les attendaient au dehors étaient les plus aptes à survivre. En ce qui me concerne, lorsque j’étais prisonnier dans le camp de concentration d’Auschwitz, l’un de mes manuscrits me fut confisqué. Il est très certain que le profond désir que j’avais de reconstituer mon manuscrit m’a beaucoup aidé à survivre aux rigueurs du camp où je me trouvais. Par exemple, lorsque dans un camp de Bavière je fus atteint par la fièvre typhoïde, le fait de mettre des notes par écrit sur de tous petits morceaux de papier m’a permis de reconstituer ce manuscrit, dans l’attente de la libération. Je suis certain que la reconstitution de mon manuscrit perdu, dans les baraquements noirs d’un camp de concentration bavarois, m’a aidé à surmonter le danger d’une attaque cardio-vasculaire.

On peut ainsi remarquer que la santé mentale repose sur un certain degré de tension, la tension entre ce que quelqu’un a déjà accompli et ce qui lui reste à accomplir, ou l’écart entre ce que quelqu’un est et ce qu’il voudrait devenir. Une telle tension est inhérente à l’être humain, elle l’est donc au bien être mental. Par conséquent, on ne devrait pas hésiter à mettre un homme au défi d’accomplir le potentiel de sens qu’il porte en lui. Ce n’est que de cette manière que sa volonté de sens sortira de l’état de latence.

Je considère comme une dangereuse incompréhension du problème de l’hygiène mentale d’affirmer que ce dont l’être humain a besoin en premier lieu c’est d’un équilibre ou, selon le terme biologique, d’« homéostasie », c’est-à-dire d’un état dépourvu de tension. Ce dont l’être humain a réellement besoin n’est nullement d’un état dépourvu de tension, mais plutôt d’un effort et d’une lutte pour atteindre un but qui en vaut la peine, d’une tâche librement choisie. Ce dont il a besoin ce n’est pas d’une absence de tension à tout prix mais de l’appel d’une potentialité de sens qu’il lui incombera d’accomplir.

Ce dont l’être humain a besoin ce n’est pas d’homéostasie mais d’une dynamique existentielle située dans un champ de tension dont un pôle est représenté par le sens à accomplir et l’autre pôle par l’homme qui doit accomplir ce sens. Et l’on aurait tort de penser que cette attitude est seulement valable dans des conditions normales ; pour les personnes qui soufrent de névroses, il en va de même. Si des architectes veulent consolider une voûte décrépite, ils augmentent la charge qu’elle soutient, de manière à réunir plus fermement ses différentes parties. Donc, si les thérapeutes souhaitent fortifier la santé mentale de leurs patients, ils ne doivent pas craindre de créer en eux une tension propice à la quête de sens existentiel de chacun d’entre eux.

Après avoir montré l’impact bénéfique de la recherche du sens, je considérerai l’influence néfaste qu’exerce le sentiment dont se plaignent de nos jours de nombreux patients, je veux parler du sentiment largement partagé de l’insignifiance foncière de leurs vies. Ils n’ont pas la moindre conscience de leur raison d’être. Ils sont hantés par l’expérience de leur vide intérieur, du vide qui se creuse à l’intérieur d’eux-mêmes ; ils sont pris au piège de cet état auquel j’ai donné le nom de « vide existentiel ».

Le vide existentiel

Le vide existentiel est un phénomène répandu au vingtième siècle. C’est compréhensible ; il peut être dû à une double perte que l’humanité a subie depuis que l’homme est vraiment devenu un être humain. Au commencement de l’histoire humaine, l’homme a perdu certains des instincts fondamentaux de l’animal, ces instincts qui régulent justement le comportement de l’animal et lui donnent la sécurité dont il a besoin. Mais une telle sécurité, comparable au Paradis, est à jamais perdue pour l’homme ; l’être humain doit faire des choix.

De plus, l’humanité a souffert d’une autre perte au cours de son développement le plus récent, dans la mesure où les traditions qui renforçaient son comportement sont aujourd’hui en voie de disparition. Plus aucun instinct ne lui dicte ce qu’il doit faire, et plus aucune tradition ne lui dit ce qu’il devrait faire. Au lieu de quoi, il peut même désirer faire ce que les autres font (conformisme) ou bien désirer faire de ce les autres lui imposent de faire (totalitarisme).

Une récente enquête statistique, menée parmi mes étudiants européens, a récemment montré que 25 % d’entre eux donnent des signes plus ou moins prononcés de vide existentiel. Parmi mes étudiants américains, la proportion n’était pas de 25 % mais de 60 %. Le vide existentiel se manifeste principalement par l’ennui.

Maintenant nous pouvons comprendre Schopenhauer quand il dit que l’espèce humaine est apparemment condamnée à osciller éternellement entre les deux extrêmes de la détresse et de l’ennui. En réalité, l’ennui, bien plus que la détresse, est aujourd’hui la cause, et certainement le principal facteur des troubles psychiatriques. Et ces problèmes augmentent dans des proportions considérables, notamment à cause de l’automatisation qui laissera probablement de plus en plus de temps libre au producteur moyen.

Examinons, par exemple, ce qu’on appelle la « névrose du dimanche », cette forme de dépression qui affecte les gens quand ils prennent conscience du vide de leur vie dès que la pression qu’ils ont subie toute la semaine se relâche et que le vide qu’ils éprouvent au plus profond d’eux-mêmes devient manifeste.

Un certain nombre de cas de suicides peut être rapporté à ce vide existentiel. Des phénomènes aussi répandus que la dépression, l’agressivité et l’addiction sont incompréhensibles si l’on ne reconnaît pas le vide existentiel qui les sous-tend. Ceci est également vrai de la dépression qui touche les gens retraités ainsi que les gens âgés. Le vide existentiel apparaît sous des masques divers. Quelquefois, la frustration de la volonté de sens est indirectement compensée par une volonté de pouvoir, la volonté d’amasser de l’argent étant sa forme la plus primaire.

Dans d’autres cas, c’est la volonté de plaisir qui vient prendre la place de la volonté de sens. C’est aussi la raison pour laquelle la frustration existentielle cherche aussi une compensation dans la dépense sexuelle. Dans de tels cas, on observe que la sexualité constitue un facteur de compensation endémique du vide existentiel.

Le sens de la vie

Je doute qu’un médecin puisse répondre à cette question en termes généraux. En effet, la question du sens de la vie diffère d’un être humain à un autre, d’un jour à l’autre et d’une heure à l’autre. Aussi, le problème n’est pas de savoir quel est le sens de la vie d’une manière générale, mais plutôt de répondre à la question de savoir quel est le sens spécifique de la vie d’une personne à un moment donné.

Car poser la question du sens de la vie en termes généraux serait comme demander à un champion d’échecs : « Maître, dîtes-moi quel est le meilleur coup du monde ? » Pour la simple raison qu’il n’existe rien de tel que la meilleure tactique ou même la bonne manière de jouer, mais qu’il existe une bonne manière de jouer dans une situation de jeu particulière, en étant confronté à la personnalité particulière de son adversaire.

Il en va de même en ce qui concerne l’existence humaine. Nul ne doit chercher de manière abstraite le sens de la vie. Chacun doit trouver au cours de sa vie sa propre vocation ou sa mission spécifique, ce qui demande de s’y impliquer de manière concrète et entière. Chacun est irremplaçable, et aucune vie ne se répète. Ainsi la tâche de chacun est unique, de même qu’est unique sa possibilité de l’accomplir. De même que chaque situation de vie représente un défi pour l’être humain et présente pour chacun un problème à résoudre, la question du sens de la vie peut vraiment être posée à l’envers.

Finalement, l’être humain ne devrait pas se demander quel est le sens de sa vie, mais devrait plutôt reconnaître que c’est à lui que cette question est posée. En un mot, chaque être humain est questionné par la vie ; et il peut seulement répondre à la vie en répondant de sa propre vie ; il peut seulement répondre à cette question en étant responsable de sa vie. Ainsi, la logothérapie voit dans la responsabilité l’essence même de l’existence humaine.

L’essence de l’existence

L’accent mis sur la responsabilité apparaît dans la maxime qui définit l’impératif catégorique de la logothérapie : « Vis comme si tu vivais pour la seconde fois et comme si tu avais agis la première fois aussi mal que tu agis maintenant ! » Il me semble qu’il n’y a rien de mieux que cette maxime pour stimuler le sens de la responsabilité d’un être humain, puisqu’elle l’invite d’abord à imaginer que le présent est révolu, ensuite, à imaginer que le passé pourrait être changé et amendé.

Un tel précepte confronte l’être humain avec la finitude de la vie autant qu’avec la finalité qu’il compte assigner à sa propre vie. La logothérapie essaye de rendre le patient pleinement conscient de sa propre responsabilité ; elle doit donc lui laisser le choix de définir ses objectifs, ou celui de comprendre ce dont ou de qui il veut être lui-même responsable. C’est pourquoi le logothérapeute est le moins enclin de tous les psychothérapeutes à imposer à ses patients ses propres jugements de valeur, et il ne permettra jamais au patient de renoncer au profit du médecin à sa propre liberté de jugement.

En dernière analyse, c’est au patient de décider s’il doit conférer un sens à sa vie comme un être responsable vis-à-vis de la société ou de sa propre conscience. Il y a toutefois des gens qui n’interprètent pas leur propre vie dans les termes d’une tâche qu’ils se sont assignés à eux-mêmes, mais dans les termes d’une tâche qui leur a été assignée par quelqu’un d’autre.

Or, la logothérapie n’est ni un enseignement ni un prêche. Elle est aussi éloignée du raisonnement logique que de l’exhortation morale. Pour le dire en termes imagés, le rôle joué par le logothérapeute est davantage celui d’un spécialiste de la vue que celui d’un peintre. Un peintre essaye de nous donner une image du monde tel qu’il le voit ; un ophtalmologiste essaie de nous amener à voir le monde tel qu’il est vraiment. Le rôle du logothérapeute consiste à élargir ainsi qu’à à étendre le champ de vision du patient, de manière à ce que le spectre complet de son potentiel de sens lui devienne conscient et perceptible.

En affirmant que l’être humain est responsable et qu’il doit actualiser le potentiel de sens de sa vie, je souhaite insister sur le fait que le véritable sens de la vie doit être découvert dans le monde plutôt qu’à l’intérieur de l’être humain ou de son psychisme, comme s’il formait un système clos. J’ai appelé cette caractéristique constitutive « l’auto-transcendance de l’existence humaine ». Ce terme désigne le fait que l’être humain tend toujours vers un objet, et qu’il est dirigé vers quelque chose ou quelqu’un d’autre, distinct de lui-même – avec un sens à accomplir ou un autre être humain à rencontrer. Plus quelqu’un s’oublie lui-même – se donne en servant une cause ou en aimant une autre personne – plus il est humain et plus il s’accomplit. Ce que j’appelle actualisation de soi se conçoit seulement comme un résultat de l’auto-transcendance.

Nous avons donc montré que le sens de la vie change constamment, mais qu’il ne cesse jamais d’y en avoir un. Selon la logothérapie, nous pouvons découvrir le sens de la vie de trois manières différentes : (1). En menant à bien un travail ou en accomplissant un devoir ; (2) en faisant l’expérience de quelque chose ou en rencontrant quelqu’un ; enfin (3) par l’attitude que l’on adopte à l’égard de la souffrance et de ce qu’il y a d’inévitable dans la souffrance.

La première orientation, qui concerne le fait de mener à bien ou d’accomplir quelque chose, se comprend aisément. La deuxième et la troisième orientation appellent un développement supplémentaire. La deuxième manière de trouver un sens à sa vie consiste à faire l’expérience de quelque chose – comme le bien, la vérité ou la beauté – au contact de la culture et de la nature ou, encore, à faire l’expérience d’un autre être humain dans ce qu’il a d’unique – en l’aimant.

Le sens de l’amour

L’amour est la seule manière de comprendre un autre être humain en accédant au noyau le plus secret de sa personnalité. Personne ne peut devenir pleinement conscient de l’essence intime d’un autre être humain s’il ne l’aime pas. Grâce à l’amour, il devient à même de percevoir les traits et les caractéristiques essentielles de l’être aimé ; et plus encore, il perçoit son potentiel, le potentiel qui n’est pas encore actualisé mais qui pourrait bientôt l’être.

De plus, grâce à son amour, la personne qui aime devient capable de pousser l’être aimé à actualiser ses potentialités. En le rendant conscient de ce qu’il peut être, de ce qu’il devrait devenir, il fait advenir ces potentialités. En logothérapie, l’amour n’est pas conçu comme un simple épiphénomène des pulsions sexuelles et des instincts au sens où il n’en serait qu’une soi-disant sublimation. L’amour est un phénomène aussi originaire que la sexualité. Normalement, la sexualité est un mode d’expression de l’amour. La sexualité est justifiée, et même sanctifiée, dès que, et aussi longtemps qu’elle est un véhicule de l’amour. Ainsi, l’amour n’est pas considéré comme un simple effet secondaire de la sexualité ; la sexualité est plutôt une manière d’exprimer l’expérience de cette ultime harmonie que l’on appelle l’amour.

La souffrance est la troisième façon de trouver un sens à la vie.

Le sens de la souffrance

Nous ne devons jamais oublier que même dans une situation désespérée il est possible de trouver un sens à la vie, y compris lorsque nous sommes confrontés à un destin qui ne peut être changé. En pareils cas, l’enjeu est d’amener le patient à accomplir du mieux qu’il le peut ce que qu’il y a en lui de plus singulier, à transformer une tragédie personnelle en victoire, à changer une situation difficile en occasion d’accomplissement. Lorsque nous ne sommes plus en mesure de changer une situation – il suffit de penser à une maladie incurable, comme un cancer inopérable- nous sommes alors mis au défi de nous transformer nous-mêmes.

Permettez-moi de donner un exemple bref mais parlant : un jour, un médecin généraliste déjà âgé vint me consulter à cause d’une grave dépression. Il ne parvenait pas à surmonter la perte de sa femme qui était morte deux ans auparavant et qu’il avait aimée par-dessus tout.

Dans cette situation, comment pouvais-je lui venir en aide ? Que pouvais-je lui dire ? Tout d’abord, je me suis interdit de lui dire quoi que ce soit, au lieu de quoi, je lui ai demandé : « Que serait-il arrivé, Docteur, si vous étiez mort le premier, et que votre femme avait dû vous survivre ? » « Oh ! », dit-il, « pour elle ç’aurait été terrible ; mon Dieu comme elle aurait souffert ! » A quoi je répondis : « Vous voyez, Docteur, une telle souffrance lui a été épargnée, et c’est vous qui lui avez épargné cette souffrance – au point, bien sûr, qu’à présent vous devez continuer de vivre en la pleurant. » Il ne dit pas un mot mais me serra la main et sortit tranquillement de mon cabinet.

D’une certaine façon, la souffrance cesse d’en être une dès l’instant où elle prend un sens, comme le sens d’un sacrifice. Bien entendu, ce qui venait de se passer ne relevait pas de la thérapie au sens propre du terme, tout d’abord parce que le désespoir de cet homme n’avait rien de maladif, ensuite parce que je ne pouvais rien changer à son sort ; je ne pouvais pas ressusciter sa femme. Mais dans cette situation, j’avais réussi à le faire changer d’attitude vis-à-vis d’un destin inexorable dans la mesure où il lui était devenu possible de donner un sens à sa souffrance.

 


Trouver la réponse au désir de bonheur (Benoît XVI)

Chers amis, il n’est pas difficile de constater que chaque jeune sent en lui une aspiration au bonheur, parfois mélangée à un sentiment de préoccupation ; aspiration qu’exploite souvent cependant, de façon fausse et aliénante, la société de consommation actuelle. Il faut au contraire tenir sérieusement compte de ce désir ardent du bonheur qui exige une réponse vraie et exhaustive. En effet, c’est à votre âge que l’on fait les premiers grands choix, capables d’orienter notre vie vers le bien ou vers le mal. Malheureusement, les jeunes de votre âge qui se laissent séduire par les apparences trompeuses de paradis artificiels pour se retrouver ensuite dans une triste solitude, sont assez nombreux.

Néanmoins, il y a aussi de nombreux jeunes gens et jeunes filles qui veulent transformer la théorie en pratique pour donner son plein sens à leur vie. Je vous invite tous à approfondir l’expérience de saint Augustin, qui disait que le cœur de tout être est inquiet tant qu’il n’a pas trouvé ce qu’il cherche réellement. Et il a découvert que seul Jésus Christ était la réponse satisfaisante à son désir, et à celui de tout homme, d’une vie heureuse, pleine de sens et de valeurs. Comme il l’a fait avec lui, le Seigneur vient à la rencontre de chacun de vous. Il frappe à la porte de votre liberté et ne demande qu’à être accueilli comme un ami. Il veut vous rendre heureux, vous remplir d’humanité et de dignité.

(Discours aux jeunes de République Tchèque, 28 septembre 2009)