Le fonctionnement de la mémoire
La mémoire des images est très efficace
Tous les sens sont mis à contribution dans le processus de mémorisation : la vision, l’ouïe, le toucher, même le goût. La vision a un rôle clef parce que cette activité nous est la plus familière et qu’elle mobilise dans notre cerveau le plus grand nombre de cellules nerveuses. Par conséquent, la mémoire des images est particulièrement efficace. Une expérience menée aux Etats-Unis le démontre : après avoir visionné, à raison d’une image toutes les dix secondes, une série de 2 500 diapositives, un individu est capable de reconnaître 90% d’entre elles au bout d’une semaine. Après plusieurs mois, le pourcentage reste élevé.
Une mémoire jamais saturée
Les stocks de la mémoire à long terme ne sont jamais saturés. Notre cerveau peut créer en permanence de nouvelles connexions – c’est ce que les scientifiques appellent la « plasticité cérébrale ». Sauf en cas de maladie, un octogénaire peut encore engranger des connaissances. Il n’y a pas de saturation à l’échelle d’une vie. Certains scientifiques affirment que le cerveau humain peut enregistrer environ un million de milliards de bits, soit infiniment plus que n’importe quel ordinateur. Il peut donc toujours enregistrer de nouvelles informations, et en particulier de nouvelles images.
La longue durée des informations
Les lois de l’oubli sont encore mal connues et rares sont les expériences menées sur la vitesse à laquelle nos souvenirs déclinent. Un psychologue américain, Harry Bahrick, a mesuré le rythme auquel se perd le vocabulaire espagnol appris par des étudiants qui ne l’ont jamais utilisé par la suite. Il a observé une chute importante au cours des trois premières années, suivie d’une phase de stabilisation, d’une durée de vingt-cinq ans, pendant lesquels les personnes testées se souviennent de 60% des mots. Ensuite, le chercheur constate un lent déclin graduel. Toutefois, 50 ans après les cours de langue, un peu moins de 40% des termes initialement stockés restent encore en mémoire ! La conservation est donc très longue, et souvent permanente.
Et il n’y a pas de possibilité d’effacer simplement la mémoire. On ne doit donc pas considérer que le cerveau est un jouet en caoutchouc qui reprendrait sa forme initiale après un choc. Il enregistre tout ce que nous faisons. Le cerveau n’est pas un ordinateur : il n’a pas de « reset system ». On ne peut pas le remettre à zéro ! D’où la nécessaire prudence. On ne fait pas impunément n’importe quoi avec son corps.
Sensible aux émotions
La mémoire est très sensible aux émotions et aux sensations. Plus elles sont fortes, plus la mémoire est impactée.
Racontez votre dernier accident. Il vous reste sans doute un « souvenir flash » de ces faits : c’est une sorte de photo prise quand se produit un événement marquant. Déclenché par une forte émotion (individuelle ou collective), il persiste pendant très longtemps. C’est ainsi que l’on conserve un souvenir très vivant et détaillé d’un événement riche en émotions.
De façon moins spectaculaire, on constate que le contexte émotionnel permet généralement un meilleur enregistrement de l’information. Lorsqu’un test de mémoire comporte un mélange de mots à caractère neutre (table, porte) et des termes chargés de sentiments (joie, douleur), les derniers sont plus facilement retenus. Autre exemple : la mémoire auditive résiste en général mieux que la mémoire lexicale, car le phénomène sonore (voix d’un proche, mélodie) est souvent associé à une émotion (plaisante ou non). Cela contribue à consolider le souvenir.