27e jour : la vraie liberté

La vraie liberté dans un contexte marqué par le relativisme (Benoit XVI)

Dans nos vies personnelles et dans nos communautés, nous pouvons rencontrer des hostilités, parfois même dangereuses ; comme un poison qui menace de corroder ce qui est bon, de remanier ce que nous sommes et de nous détourner du but pour lequel nous avons été créés. Les exemples ne manquent pas, vous le savez bien. Parmi les plus évidents, se trouvent l’abus d’alcool et de drogue, l’exaltation de la violence et la dégradation de la sexualité, qui sont souvent présentés par la télévision et par Internet comme un divertissement. Je me demande comment peut-on expliquer aux personnes qui sont réellement victimes de violences et d’abus sexuels que ces tragédies, reproduites sous forme virtuelle, doivent être considérées comme un simple « divertissement » !

Il y a aussi quelque chose de sinistre qui découle du fait que la liberté et la tolérance sont très souvent séparées de la vérité. Cela est alimenté par l’idée, largement diffusée aujourd’hui, qu’aucune vérité absolue ne peut guider nos vies. Le relativisme, en donnant une valeur quasi indistincte à toute chose, a rendu l’« expérience » plus importante que tout. En réalité, les expériences, sans tenir compte de ce qui est bon et vrai, peuvent conduire non pas à une liberté authentique, mais au contraire, à une confusion morale ou intellectuelle, à un affaiblissement des principes, à la perte de la propre estime, et même au désespoir.

Chers amis, la vie n’est pas réglée par le hasard, elle n’est pas accidentelle. Votre existence personnelle a été voulue par Dieu, bénie par Lui et il lui a été donné un but (cf. Gn 1, 28) ! La vie n’est pas une simple succession de faits et d’expériences, même si de tels événements peuvent être utiles. Elle est une recherche de ce qui est vrai, bien et beau. C’est précisément en vue de tels objectifs que nous accomplissons nos choix, que nous exerçons notre liberté et en cela, c’est-à-dire en ce qui est vrai, bien et beau, nous trouvons le bonheur et la joie. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui voient en vous de simples consommateurs sur un marché offrant de multiples possibilités, où le choix en lui-même devient le bien, la nouveauté se fait passer pour beauté, l’expérience subjective remplace la vérité.

(Discours aux jeunes, JMJ de Sydney, 19 août 2008)

 

C’est seulement par sa relation avec Dieu que l’homme comprend aussi le sens de sa propre liberté. Et c’est la tâche de l’éducation de former à la liberté authentique. Celle-ci n’est pas l’absence de liens ou le règne du libre arbitre, elle n’est pas l’absolutisme du « je ». L’homme qui se croit absolu, qui n’est dépendant de rien et de personne, et qui croit pouvoir faire tout ce qu’il veut, finit par contredire la vérité de son propre être et par perdre sa liberté. Au contraire, l’homme est un être relationnel qui vit en relation avec les autres et avec Dieu surtout. La liberté authentique ne peut jamais être atteinte dans l’éloignement de Dieu.

La liberté est une valeur précieuse, mais délicate; elle peut être mal comprise et mal utilisée.

« Aujourd’hui, un obstacle extrêmement menaçant pour l’œuvre d’éducation est constitué par la présence massive, dans notre société et notre culture, de ce relativisme qui, en ne reconnaissant rien comme définitif, ne laisse comme ultime mesure que son propre moi avec ses désirs, et sous l’apparence de la liberté devient une prison pour chacun, séparant l’un de l’autre et réduisant chacun à se retrouver enfermé dans son propre « Moi ». Dans un tel horizon relativiste une véritable éducation n’est donc pas possible : en effet, sans la lumière de la vérité toute personne est condamnée, à un moment ou à un autre, à douter de la bonté de sa vie même et des relations qui la constituent, de la valeur de son engagement pour construire quelque chose en commun avec les autres ».

Pour exercer sa liberté, l’homme doit alors dépasser l’horizon relativiste et connaître la vérité sur lui-même, et la vérité sur le bien et le mal. Au fond de sa conscience, l’homme découvre une loi qu’il ne se donne pas lui-même, mais à laquelle il doit obéir au contraire et dont la voix l’appelle à aimer, à faire le bien et à fuir le mal, à assumer la responsabilité du bien accompli et du mal commis. Pour cela, l’exercice de la liberté est profondément lié à la loi morale naturelle, qui est de caractère universel. Elle exprime la dignité de chaque personne, pose les bases de ses droits et devoirs fondamentaux, et par conséquent et en dernière analyse, du vivre-ensemble juste et pacifique entre les personnes.

(Message pour la paix, 1er janvier 2012)

 

Ce qu’on dit du péché, vrai ou faux ?

Le péché, un interdit aliénant inventé par l’Eglise : FAUX

La culture télévisuelle et médiatique mal informée, à grand renfort de téléfilms, et de remarques glissées au hasard des débats ou émissions en tout genre, présente le péché comme un interdit fixé arbitrairement par un dieu punisseur qui voudrait nous réduire en esclavage pour mieux pouvoir nous faire souffrir, par une Eglise fanatique, moyenâgeuse, dangereuse et assoiffée de nous imposer ses règles pour garder son pouvoir à tout prix !

Le péché, une perte d’humanité : VRAI

En fait, le péché est simplement un manque de dignité humaine. Notre sagesse humaine est ce que nous sommes capables de découvrir par nous-mêmes de la loi de Dieu, même si nous ne Le connaissons pas. Chaque fois que nous n’agissons pas dans la pleine mesure de nos capacités en vue du bien et de l’amour, nous faisons défaut à Dieu qui nous a faits capables de faire le bien, en toute circonstance.

Le péché, un acte de désobéissance: VRAI

Nos péchés, ce sont aussi nos manques d’obéissance à la vérité et au bien, ainsi qu’à la loi de Dieu reçue dans la foi.

En péchant, nous décidons par nous-mêmes de ce qui est bon pour nous, en refusant de faire confiance à Dieu. Par conséquent, nous considérons bien ce qui est un mal. Tout péché est donc un acte d’orgueil : nous prenons la place de Dieu pour décider du bien et du mal.

Un péché peut produire de bonnes choses : FAUX… et VRAI

Nous sommes tentés de pécher, parce que nous voyons le côté positif des choses en omettant toutes les conséquences négatives : si je vole une belle voiture, je pourrais la posséder ! En oubliant que j’aurais été gravement injuste envers une personne et que je devrai mentir et la cacher pour la conserver ! Si je passe  mon temps à regarder des sites X, je vais voir des images séduisantes et apaisantes… qui vont aussi me blesser et contribuer à un système très  injuste.

Un péché a toujours des conséquences mauvaises, même si on ne les voit pas tout de suite. De plus, en commettant un péché, nous n’avons pas fait le bien que nous aurions pu faire !

Dans tous les cas, le péché est un manque d’amour envers Dieu, soi et les autres. Et il fait diminuer la capacité d’aimer. Un péché grave, s’il est fait consciemment et librement, fait perdre la capacité d’aimer.

Ultimement tous les péchés conduisent, d’une façon ou d’une autre, à la mort de l’âme. Les péchés mortels conduisent à la privation de la vie éternelle.

Mais Dieu peut aussi utiliser mon péché, pour me montrer son pardon et me rapprocher de lui. C’est le côté positif, à condition que je me reconnaisse pécheur devant Dieu et devant les personnes offensées, que je décide de me convertir, que je reçoive le pardon de Dieu sans en présumer.

Il y a des péchés qui ne peuvent pas être pardonnés : VRAI et FAUX

Tous les péchés peuvent être pardonnés par Dieu, quand la personne coupable demande humblement pardon et s’engage à ne plus les commettre. Le seul qui ne sera pas pardonné, c’est le « péché contre l’Esprit », dit Jésus. Saint Augustin explique que c’est le péché qui consiste à refuser d’être pardonné. Dieu veut en effet nous pardonner tous nos péchés pour nous réconcilier avec lui, avec les autres et avec nous-mêmes.

On peut recevoir le pardon de nos péchés directement de Dieu : VRAI  et FAUX

Jésus Christ a confié à l’Eglise la mission de donner le pardon des péchés par Dieu, par les sacrements : le baptême, d’abord, est célébré pour le pardon des péchés, puis pour ceux qui sont baptisés, le sacrement de réconciliation. Pour les péchés « véniels » (non graves), on peut demander pardon à Dieu, dans une démarche de prière personnelle, mais il est bon de les présenter dans le sacrement de réconciliation.

 

Un tableau magnifique sur la bonté de Dieu le Père

Le grand peintre hollandais Rembrandt (1606-1669) a merveilleusement immortalisé cette scène du retour de l’enfant prodigue. C’est le sommet de son œuvre, du point de vue technique. Il recueille aussi toute l’expérience d’une vie marquée par la souffrance et par une quête spirituelle.

La composition est très sobre. Trois personnages sont éclairés : le vieillard, de face, et le miséreux, à genoux, de dos. Le tableau montre le Père serrant contre ses entrailles le fils repenti, dont les épaules sont pressées par ses deux mains fermes et tendres. Le fils épuisé s’abandonne entre les mains du Père. Il y dépose sa misérable errance, comme en témoignent la sandale de gauche déchaussée et le talon usé de l’autre. Ainsi semblent-ils s’enfanter mutuellement : le Père donne la vie à son fils et le fils permet à l’homme d’être son père.

A droite, l’artiste a mis le fils aîné. Un espace d’ombre et deux marches le séparent de l’embrassade qui donne la vie : il n’entre pas dans la relation miséricordieuse de son père avec son frère. Dominant la scène, droit et raide, d’une hauteur presque excessive, il reste à l’extérieur du cercle de l’amour, enfermé dans une colère orgueilleuse. Ses mains sont fermées, captives, appuyées sur un sens affirmé de la justice (symbolisé par la canne). Le regard du Père est doux, aveuglé par les larmes et pénétré d’amour. Celui de l’aîné est dur, critique, fermé par le jugement. Voilà pourquoi le fils aîné n’atteint pas le sommet de l’amour, qui est humilité et miséricorde : il reste en bas des marches que son frère a eu l’audace de gravir, parce que la bonté du Père l’attendait.

Ce tableau rappelle que la guérison de nos cœurs blessés se trouve dans notre relation avec Dieu comme Père. A chacun, Il dit : « tu comptes beaucoup à mes yeux et je t’aime » (Is 43, 4). Cette parole du Père est libératrice. L’homme pécheur pensait n’être plus rien, qu’un esclave. Mais Dieu n’a pas changé de regard sur nous, malgré notre péché. Il a décidé que nous serions ses enfants. C’est notre dignité et il nous la conserve. Cet accueil inconditionnel de Dieu nous sauve. Nous sommes toujours ses enfants, quels que soit notre passé et nos errances. Il a fait alliance avec nous pour toujours. Son amour est fidèle. Il ne change pas. Là, dans le contact avec le Cœur de Dieu, l’homme est libéré de la désespérance. Il retrouve une énergie nouvelle considérable pour vivre et aimer.

A ceux qui cherchent le sens de leur vie et la guérison du cœur, le tableau ouvre une espérance immense. Le Père est devant moi comme une personne – mon Créateur ! -,  d’une totale bienveillance à mon égard. Si j’entre en relation avec lui et accepte son étreinte, je reçois de nouveau la vie. Je sais d’où je viens. Je peux être ce que je suis. Je peux enfin devenir libre, et à mon tour donner la vie à d’autres.