2e jour : Le fonctionnement des addictions

Le regard du médecin : le fonctionnement des addictions

Les addictions sont de deux types : les addictions liées à une substance, et les addictions sans substances dites comportementales. En fait, les addictions sont toutes un trouble comportemental qu’il y ait un produit ou pas.

Au niveau neurobiologique, les recherches évoluent beaucoup ces dernières années. Quatre circuits cérébraux sont mis en jeu dans le mécanisme addictif:

– le circuit de la récompense qui détermine l’importance du besoin

– le circuit de la motivation, du désir et du sens qui répond aux stimuli

– les voies de la mémoire mettant en jeu les apprentissages

– les voies corticales chargées du contrôle notamment sur les processus émotionnels et affectifs

Le système méso-cortico-limbique est appelé système de récompense entre lesquelles circulent les neurotransmetteurs.C’est un système compliqué et il semble que tous les neurotransmetteurs cérébraux soient impliqués mais pas de la même manière selon l’addiction en cause.Ce système fonctionne avec une bipolarité excitante et calmante et en cas d’addiction il y a une dérégulation interne de ces systèmes.Par ailleurs, le cortisol, hormone du stress est également largement impliquée notamment comme stimulus.

On comprend donc que beaucoup de facteurs vont jouer dans notre vulnérabilité à l’addiction. Notre façon de vivre nos émotions, notre sensibilité à la récompense, au stress, notre hypersensibilité et en réponse notre capacité à organiser, planifier, anticiper au moyen de notre cerveau préfrontal.

Nous le savons, il y a aussi des facteurs culturels, familiaux mais aussi des blessures psychologiques qui ont contribués à structurer notre fonctionnement cérébral. Les facteurs liés à l’âge sont aussi importants. En, effet, au moment de l’adolescence le cerveau est en pleine transformation et donc plus vulnérable aux drogues ou aux comportements excessifs.

Notre organisme est un organisme vivant, c’est pour cela qu’il convient de prendre d’infinies précautions et que l’on ne peut lui infliger trop de stimulations car tout processus toxique de surcharge de drogues ou d’images le met en souffrance et l’oblige à mettre en place des mécanismes de survie qui sont à l’origine du phénomène addictif.

Mais notre cerveau est un système très complexe qui a de multiples possibilités de récupération, il va s’agir de les mettre en jeu tout au long de cet ouvrage, sérieusement.Pour que le phénomène addictif se mette en place il faut certaines conditions: liées à la personne, liées au produit, liées à des circonstances.Bien sûr, ces facteurs n’interviennent pas à proportion égale selon les personnes. .

Toutes les addictions, qu’elles soient liées ou non à un produit (drogue, tabac, alcool, etc), procèdent d’une façon ou d’une autre d’une hyperconsommation qu’on pourrait aussi qualifier de conduite de remplissage. En effet, le comportement addictif vient toujours combler un manque affectif de façon générale au début, ensuite le processus se déroule pour son propre compte.

L’addiction comporte une dimension impulsive et une dimension compulsive. On parle d’impulsion lorsqu’il y a recherche d’un plaisir et de compulsion pour soulager une tension.

La sévérité de l’addiction se mesure aussi aux dommages qu’elle a engendrés. Ils peuvent être d’ordre somatique, psychologique, relationnel, conjugal, familial, social,  professionnel et judiciaire Plus les dommages sont importants, plus la maladie est sévère et plus la guérison sera douloureuse et difficile. C’est la raison pour laquelle il est important d’agir vite avant d’avoir trop perdu.

Si l’on veut guérir d’une addiction, il faut agir sur les trois facteurs.

  1. Le produit ou le comportement : cesser ou diminuer
  2. les moments de consommation,
  3. ses propres fragilités ou états psychique ayant entrainé le comportement.

Liste des dépendances avec ou sans substance

Voici une liste non exhaustive des substances possiblement addictives : Cocaïne, Opiacés, Amphétamines, Alcool Tabac, benzodiazépines, Sucre…. Toutes n’ont pas le même potentiel addictogène.

Et voici les dépendances sans produit, ou dépendances comportementales (apparues assez récemment pour certaines et pas toutes reconnues comme telles par les classifications internationales) :

  • les jeux vidéo
  • la cyberdépendance ou l’hyperconsommation d’Internet par ordinateur ou smartphone (réseaux sociaux, mail, tchats, jeux en ligne)
  • le jeu d’argent pathologique (en ligne ou non)
  • l’achat compulsif (les troubles du comportement d’achat)
  • les troubles des conduites alimentaires (TCA) : boulimie, anorexie
  • l’addiction au sexe et au cybersexe (ou pornodépendance)
  • la dépendance au travail, dite workaholisme ou ergomanie
  • la dépendance au sport intensif

Toutes ces addictions procèdent d’une façon ou d’une autre d’une hyperconsommation qu’on pourrait aussi qualifier de conduite de remplissage. En effet, le comportement addictif vient toujours combler un manque affectif de façon générale au début, ensuite le processus se déroule pour son propre compte.

  • Une hyperconsommation de substance (drogue, alcool, tabac…),
  • ou une hyperconsommation de biens matériels (achats compulsifs de choses inutiles),
  • ou une hyperconsommation de sensations (jeux, internet, sport intensif, travail excessif, conduites à risque en moto, etc.),
  • ou une hyperconsommation de relations : la relation à l’autre est utilisée pour le plaisir personnel (dans certains couples, l’homme est dans une hyperconsommation de relations sexuelles, parfois contre le gré de sa femme, qui se sent obligée d’accepter).

 

Evaluez-vous avec l’outil PEACCE (d’après l’adaptation en langue française du Dr Laurent Karila)

Pour chaque question, répondez par 0 (non) ou 1 (oui)

  • Pensées : Trouvez-vous que vous êtes souvent préoccupé par des pensées sexuelles ?
  • Entourage : Cachez-vous certains de vos comportements sexuels à votre entourage (partenaire de vie, famille, ami(e)s proches…) ?
  • Aide: Avez-vous déjà recherché de l’aide pour un comportement sexuel que vous n’appréciez pas de faire?
  • Conséquences : Est-ce que quelqu’un a déjà été heurté émotionnellement à cause de votre comportement sexuel?
  • Contrôle : Vous sentez-vous contrôlé par votre désir sexuel ?
  • Emotions : Vous sentez-vous triste après être passé à l’acte sexuellement (relation sexuelle, cybersexe, masturbation) ?

Si vous obtenez un score supérieur à 3, votre demande d’aide en ce domaine est une bonne décision.